Site de « L’Angoulaire » à la Chapelle Saint-Ursin

Site de « L’Angoulaire » à la Chapelle Saint-Ursin

L’occupation ancienne y est connue au moins depuis 1976, année où une prospection aérienne menée par Jean Holmgren a révélé la présence d’une villa gallo-romaine. Des prospections pédestres avec ramassage de mobilier en surface, réalisées par Alain Leday, ont depuis confirmé l’occupation antique, voire tardo-antique.

la Communauté d’agglomération de Bourges Plus à réalisé une fouille à La Chapelle Saint-Ursin, au lieu-dit l’Angoulaire. Cette opération préventive s’inscrivait dans le cadre d’un projet de construction de 49 lots par la société Amori Conseil.

Comme pour tout projet de construction s’inscrivant dans une zone de présomption archéologique, le Service Régional de l’Archéologie (DRAC Centre) a, dans un premier temps, prescrit une opération de diagnostic, réalisée début 2015 par le service d’archéologie préventive de Bourges Plus. Les tranchées ainsi effectuées ont bien confirmé la présence d’une villa , remarquablement conservée et très faiblement enfouie ; elles ont surtout permis de caractériser une occupation humaine plus ancienne (Mésolithique/Néolithique final) et également plus longue (jusqu’à l’époque carolingienne).

Par conséquent, les services de l’État ont prescrit une opération de fouille préventive, afin d’appréhender les vestiges en aire ouverte, de les comprendre et de les documenter avant leur destruction définitive pour laisser place aux futurs aménagements.

Résultats très satisfaisants sur la pars urbana ( la partie résidentielle de la villa )

Le service d’archéologie préventive de Bourges Plus, dirigé par Laurence Augier, a donc été saisi par l’aménageur pour ce dossier et a très rapidement dépêché une équipe de 6 à 8 personnes, sous la responsabilité d’Emmanuel Marot, pour fouiller cet ensemble complexe.

Au terme du premier mois de fouille, les résultats sont très satisfaisants. Toute la partie résidentielle de la villa (appelée pars urbana ) a été nettoyée et analysée (cf photo aérienne). Trois phases d’occupation se distinguent :

Durant la seconde moitié du 1er siècle ap, la villa maçonnée est construite.

Comme ce peut être le cas sur d’autres sites de la proche campagne de Bourges-Avaricum , cet établissement ne succède pas à une ferme gauloise (située peut-être plus au sud, en haut de pente). Une grande cour, clôturée par un mur est ainsi édifiée et un bâtiment rectangulaire modeste possédant trois pièces et une galerie de façade y prend place. Les murs, recouverts classiquement par une couverture en tuiles, devaient posséder un décor d’enduit peint, relativement sommaire ;

À une période encore mal cernée (2e ou 3e siècle), le bâtiment résidentiel est profondément remanié

On accole le précédent bâtiment au mur de clôture (créant ainsi de nouvelles pièces), on refond la galerie de façade (avec système de canalisation en avant pour drainer le terrain et gérer l’humidité de ce fond de vallée), on ajoute une vaste salle d’apparat et on reprend une partie des pièces précédentes pour y créer un système de chauffage par le sol (hypocauste). Ainsi, la pars urbana gagne en confort, ce qui traduit une certaine opulence des habitants, certes encore éloignée du faste de villa comme celle de Lazenay ;

Après le 4e siècle

Enfin, probablement après le 4e siècle, période à laquelle les villae aux alentours de Bourges sont généralement désaffectées sous cette forme maçonnée, celle de l’Angoulaire est de nouveau agrandie (nouvelles pièces à l’arrière et reprise de la galerie de façade) : en ce sens, sans pour autant que les lieux ne présentent de faste conséquent, la pérennité de cet établissement durant l’Antiquité tardive est en soi exceptionnelle et traduit probablement une fonction particulière, qu’il reste à comprendre.

Autour de cette zone bâtie, les vestiges découverts correspondent au parcellaire de fossés en relation directe avec cette villa (pars agraria ) ; utilisés pour délimiter les espaces cultivés ou en pâture et à drainer les champs, ces fossés servent de dépotoir au moment de l’abandon de la villa et conservent donc tous les rejets du quotidien des habitants (vaisselle culinaire, de présentation, amphores, ossements animaux, éléments en fer…).

Quelques bâtiments sur poteaux de bois seront également prochainement fouillés et correspondent soit à une occupation postérieure, soit à quelques bâtiments d’exploitation du domaine agricole.

Enfin, plus au sud, sur les hauts de pente, une zone d’habitat groupé du haut Moyen Age (7e-9e siècle) paraît prendre le relais de la villa maçonnée et ainsi assurer une continuité d’occupation remarquable.

 Ainsi, cette fouille offre l’opportunité de révéler l’occupation de nos campagnes durant un temps long et de comprendre ainsi l’exploitation de leurs ressources pour les besoins des populations locales et de celles vivant dans la cité proche de Bourges-Avaricum .

La seconde tranche de cette fouille , portant sur la pars rustica (partie d’exploitation de la villa) se déroulera de mi-janvier à mi-février 2016.
Afin de faire partager ces découvertes aux personnes intéressées, une visite a été organisée sur place le mercredi 2 décembre.