L’alimentation en eau potable est une politique majeure de l’agglomération. Bourges Plus exerce ce service public avec la volonté d’en assurer pleinement la maîtrise, depuis les captages d’eaux jusqu’au robinet. Elle mène ainsi un important programme de renouvellement des conduites d’eau potable anciennes, réalise des interconnexions de sécurisation et conduit des actions de protection des ressources. Particulièrement attentive à la qualité de l’eau distribuée, elle a renforcé depuis 2024 son programme de surveillance, bien au-delà de ses obligations réglementaires, en complément du contrôle sanitaire de l’Agence Régionale de la Santé.
Bourges Plus assure en régie l’alimentation en eau potable pour satisfaire les besoins du territoire. La communauté d’agglomération produit elle-même 85% de l’eau qu’elle distribue en exploitant quatre champs captants d’eaux souterraines. Il s’agit du champ captant du Porche à Plaimpied-Givaudins, de Saint-Ursin à Bourges et du Prédé à Saint-Doulchard, et celui dans la nappe alluviale de la Loire à Herry. L’agglomération achète également de l’eau au SMAERC pour alimenter Mehun-sur-Yèvre à partir du forage La Geneste 2, au SMEACL pour alimenter le Sud de l’agglomération à partir des forages de Lapan ainsi qu’au SMIRNE pour alimenter Saint-Michel de Volangis.
L’eau prélevée est simplement désinfectée par un produit chloré avant d’être distribuée. Elle ne subit pas de traitement physico-chimique. Par ailleurs, les eaux du Porche et de Saint-Ursin sont diluées avec les eaux prélevées à Herry.
L’eau du robinet est l’un des aliments les plus contrôlés afin de garantir la sécurité des consommateurs. Les contrôles de la qualité sanitaire de l’eau sont encadrés par la directive 2020/2184 du Parlement européen et du Conseil du 16 décembre 2020 relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine. Ils sont réalisés régulièrement par l’Agence Régionale de la Santé (ARS), autorité indépendante de Bourges Plus. L’ARS décide des points de prélèvements d’eau et de leur fréquence, en fonction du nombre d’habitants desservis. Elle fait réaliser les analyses par un laboratoire agréé par le Ministère de la Santé. Les analyses portent sur la qualité physico-chimique (nitrates, pesticides, etc.) et la qualité bactériologique des eaux brutes et des eaux distribuées.
Pour assurer l’information des consommateurs,
les résultats du contrôle sanitaire de l’eau sont publiés par le Ministère de la Santé :
https://orobnat.sante.gouv.fr/orobnat/afficherPage.do?methode=menu&usd=AEP&idRegion=24
Bourges Plus, personne responsable de la production et de la distribution d’eau (PRPDE), assure également une autosurveillance des eaux brutes et des eaux distribuées, régulièrement.
Le terme « pesticide » désigne les molécules actives ou les préparations utilisées pour la prévention, le contrôle ou l’élimination d’organismes indésirables, qu’il s’agisse de plantes (herbicides), d’animaux comme des insectes, acariens, etc. (biocides), de champignons (fongicides) ou de bactéries. Il existe plus d’un millier de substances actives de pesticides. Leur mise sur le marché est réglementée. Ils sont utilisés notamment en agriculture conventionnelle. L’utilisation des pesticides chimiques est interdite dans les jardins et espaces publics depuis 2017 et dans les jardins des particuliers depuis 2019.
Le terme « métabolite de pesticide » désigne un produit de dégradation ou de transformation de la molécule active du pesticide dans l’environnement. Il « survit » à la substance active du pesticide dont il est issu et peut persister dans l’environnement de nombreuses années.
Selon l’ANSES (agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), un pesticide ou métabolite de pesticide est pertinent pour les eaux destinées à la consommation humaine (EDCH), dès lors qu'il y a lieu de considérer qu'il pourrait engendrer (lui-même ou ses produits de transformation) un risque sanitaire inacceptable pour le consommateur. C’est cette agence qui qualifie cette « pertinence » de chaque métabolite de pesticide et conduit des études à l’échelle nationale pour appréhender l’exposition de l’Homme et de l’environnement à des risques de contamination.
Une fois appliqués sur les cultures, les pesticides se dégradent sous l’effet de différents facteurs et donnent naissance à d’autres molécules, les « métabolites » ou « molécules filles ». Sous l’effet des pluies qui lessivent les sols et s’infiltrent, ces métabolites sont entrainés vers les nappes phréatiques et les cours d’eau.
Publiée en avril 2023, une étude exploratoire de l’ANSES portant sur les composés émergents a mis nouvellement en évidence la présence de métabolites de pesticides dans les eaux brutes et distribuées. Les captages du Porche ont été analysés dans le cadre de cette étude. Sur 205 substances recherchées, l’ANSES a détecté des traces de plusieurs métabolites de pesticides, dont le chlorothalonil R471811 et la chloridazone-desphényl.
A partir de septembre 2023, l’Agence Régionale de Santé a donc intégré les métabolites détectés par l’ANSES dans le contrôle sanitaire des ressources en eau mobilisées par Bourges Plus. Les premières mesures de l’ARS ont confirmé la présence de traces du chlorothalonil R471811 dans les eaux souterraines du Porche et de Saint Ursin, ainsi que de la chloridazone-desphényl au Porche. Les eaux de la nappe alluviale de la Loire prélevées à Herry sont en revanche préservées de ces métabolites.
Par la suite en 2024, l’ANSES a qualifié le chlorothalonil R471811 de métabolite non pertinent pour les eaux destinées à la consommation humaine. En revanche, il a confirmé la pertinence de la chloridazone-desphényl par défaut, c’est-à-dire par précaution en raison de faiblesses identifiées lors de l’examen des protocoles toxicologiques disponibles fournis par les fabricants : il n’est pas possible de conclure sur les potentiels mutagènes ou génotoxiques de la chloridazone-desphényl . L’ANSES a établi la Valeur Sanitaire Maximale pour ce métabolite à Vmax = 11 µg /L. C’est la concentration au-delà de laquelle l’eau ne doit plus être consommée en raison de dangers potentiels pour la santé humaine.
La chloridazone-desphényl est un métabolite issu de la chloridazone, un produit phytosanitaire à propriété herbicide. La chloridazone a principalement été utilisée en culture de betteraves, mais aussi en culture de porte-graines assez variés, c’est-à-dire de plantes cultivées pour leurs graines, depuis les années 1960 et jusqu’en décembre 2020. Cette substance active a ensuite été interdite de vente et d’usages.
Dans quelles unités de distribution d’eau potable la chloridazone a-t-elle été mesurée et à quelles teneurs ?
La chloridazone-desphényl a été mesurée dans les eaux distribuées au sein de l’unité de distribution Porche-Herry (mélange des eaux des champs captants du Porche et d’Herry). Les 17 mesures réalisées par l’ARS entre octobre 2023 et septembre 2025 varient entre 0,079 µg/L (le 11 juillet 2024) et 0,247 µg/L (mesure initiale et maximale du 9 octobre 2023) : 7 mesures restent en dessous de la limite de la qualité des eaux distribuées (0,1µg/L), toute en fluctuant essentiellement entre 0,09 et 0,1µg/l, et représentant des périodes de 1 à 3 mois ; et 10 mesures dépassent cette limite de qualité. Toutes ces valeurs restent largement inférieures (près de 50 fois) à la valeur sanitaire maximale de la chloridazone desphényl Vmax = 11 µg/L, à partir de laquelle apparaissent des risques sanitaires.
La limite réglementaire de 0,0000001 gramme par litre a été fixée initialement par la directive européenne du 15 juillet 1980 relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine, dans un objectif de protection en considérant que les pesticides n’étaient pas des constituants naturels des eaux et qu’en conséquence, on ne devait pas les y retrouver. Cette valeur correspond aux seuils de détection des méthodes d’analyses disponibles au début des années 1970 pour les pesticides recherchés à cette époque. Elle n’est pas fondée sur une approche toxicologique et n’a donc pas de signification sanitaire. Elle est commune à tous les pesticides et désormais leurs métabolites pertinents.
Les techniques de détection et de quantification des métabolites sont en constante évolution. Pour les métabolites de la chloridazone, de nouvelles techniques ont été développées par l’ANSES. Les laboratoires agréés par le Ministère de la Santé s’en sont saisis et les déploient depuis 2024. On mesure donc pour la première fois ces métabolites, résultant de la dégradation de pesticides utilisés depuis les années 1970, soit près de cinquante ans, et désormais interdits.
Oui. L’ARS n’a défini aucune restriction d’usage suite au contrôle sanitaire effectué sur les eaux de Bourges Plus pour le paramètre chloridazone-desphényl. L’eau distribuée peut continuer à être bue et utilisée pour l’alimentation de tous. Les traces de métabolites de pesticides mesurées par l’ARS restent en effet largement inférieures au seuil de 11 microgrammes par litre, valeur sanitaire maximale évaluée par l’ANSES pour la chloridazone-desphényl.
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2023 |
Chloridazone-desphényl |
2024 |
Chloridazone-desphényl |
2025 |
Chloridazone -desphényl |
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09/10/2023 |
0,247 µg / L |
19/01/2024 |
0,093 µg / L |
19/03/2025 |
0,142 µg / L |
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31/10/2023 |
0,102 µg / L |
16/02/2024 |
0,100 µg / L |
10/04/2025 |
0,146 µg / L |
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30/11/2023 |
0,124 µg / L |
15/03/2024 |
0,096 µg / L |
07/05/2025 |
0,111 µg / L |
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20/12/2023 |
0,144 µg / L |
11/07/2024 |
0,079 µg / L |
04/06/2025 |
0,099 µg / L |
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29/10/2024 |
0,132 µg / L |
11/07/2025 |
0,096 µg / L |
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26/11/2024 |
0,132 µg / L |
11/09/2025 |
0,110 µg / L |
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23/12/2024 |
0,099 µg / L |
10/10/2025 |
0,116 µg / L |
D’autres paramètres sont également mesurés depuis 2024 comme les PFAS : ce terme générique désigne les per- et polyfluoroalkylées qui sont des substances chimiques très persistantes dans l’environnement. Détectées dans le champ captant du Prédé, Bourges Plus a adapté la dilution de ses eaux de manière à ce que les eaux distribuées ne dépassent pas la limite de qualité et restent conformes sur le panel de substances qu’il est demandé de rechercher.
De même, l’ARS assure une surveillance du chlorure de vinyle monomère (CVM) dans les eaux distribuées. C’est un produit chimique qui était utilisé dans la fabrication de PVC, notamment pour les anciennes canalisations d’eau potable posées avant 1980. Plusieurs facteurs peuvent favoriser l’émission de CVM : la température de l’eau, son temps de séjour dans la canalisation, la longueur de la canalisation en PVC ancien, ainsi que sa teneur en CVM résiduel. En cas de présence détectée dans l’eau au-delà de la limite réglementaire, Bourges Plus procède à des investigations pour cerner le secteur d’émission, réaliser à des purges, organiser des distributions temporaires d’eau en bouteille (moins d’une dizaine de foyers en 2025), voire à des renouvellements de canalisations.
La stratégie d’action de Bourges Plus repose sur plusieurs leviers :
L’agglomération Bourges Plus a également la volonté pour l’avenir de maitriser l’ensemble des ressources distribuées sur l’agglomération, pour mieux les protéger.
De nombreuses collectivités demandent que l’interdiction de l’usage des pesticides soit effective dans les périmètres de protection et les aires d’alimentation des captages des ressources en eau. Face aux coûts des mesures correctives auxquels elles peuvent être exposées, ces collectivités et leurs fédérations rappellent l’importance du principe pollueur-payeur pour préserver le pouvoir d’achat des usagers de l’eau.
Bourges Plus partage ces attentes et principes. Elle continue de s’appuyer en confiance sur ses partenaires pour faire évoluer les pratiques agricoles.
Par courriel : service.clientele@agglo-bourgesplus.fr
Par téléphone : 0800 897 730 numéro vert gratuit
En présentiel : 4 boulevard de l’Avenir, CS 40234, 18022 Bourges Cedex
Horaires d’ouverture au public